Période:
La Vitrine des Ailes du désir (face aux Beaux-arts/Ecole d’arts plastiques de Poitiers) est en travaux ! Au début de l’été 2016, elle a pris son envol pour descendre un peu plus bas dans la rue jusqu’à L’Arcuterie (27, rue St Cyprien - Tél 06 83 62 01 78) grâce à la bienveillance de Philippe Untersteller qui a offert de l’héberger pendant la fermeture estivale. L'Arcuterie est une galerie associative qui œuvre à faire découvrir des artistes dont pour la plupart les poitevins ne connaissent pas le travail.
Depuis que la Vitrine est en travaux, nous suivons les artistes fidèles aux Ailes ou désireux d’apporter leur concours, comme Mateo CLAUSSE ; nous l’avions rencontré dans son atelier de Bellejouanne (il est actuellement en résidence dans un atelier de la Ville de Poitiers) ; nous avions été séduits par ses productions, transformant d'un geste léger des matériaux banals – morceaux de bois mort, assiettes brisées… - en précieux objets ouvrant sur le rêve et sur un imaginaire teinté d’ironie. La Vitrine n’est pas vraiment un cadeau pour les artistes compte tenu des contraintes inhérentes à l’espace réduit, mais Mateo envisageait les possibilités d’utiliser ce cadre formel pour mieux en briser les limites ; la proposition d’utiliser la vitrine de l’Arcuterie modifiait le propos et invitait à une nouvelle improvisation confortée par le soutien et le regard acéré de Philippe Untersteller :
"Le spectateur ne pénètre pas cette exposition, il ne peut la voir que depuis la vitrine de la galerie fermée durant les vacances estivales. Ainsi ce qui reste dans la galerie peut sembler être le démontage d’une exposition, le stockage d’objets encombrants, les restes d’un banquet, le réaménagement de la galerie en appartement... Cet instant auquel est confronté le passant lui apparaît comme le fragment d’une intimité dont il n’était censé être le témoin."
La place du spectateur, du passant qui s’arrête par hasard attiré par la présence incongrue de l’œuvre dans cet espace, joue aussi un rôle qui intéressait le jeune artiste :
"Être voyeur, c'est tenter de voir ce que l'on ne devrait pas. Dès lors, il y a une forme de contradiction à traiter un sujet comme celui-ci pour une exposition.
A défaut d'exhiber mon intimité (ce qui est un bon moyen de faire scandale mais est devenu un lieu commun de l'art), ce sont des œuvres de différentes natures qui sont présentées ici.
Certaines ne se dévoilent pas lors d'une unique visite, elles ont plusieurs phases de vie, ce qui obligera le passant curieux à venir lorgner du côté des vitrines de l'Arcuterie à différents moments.
Une forme symbolique vient ponctuer l'exposition, celle du trou. Ce trou par lequel on peut apercevoir une réalité fugace, habitée de nos fantasmes plus que de notre réelle perception.
Enfin les dernières gagneraient peut-être à ne pas être montrées…"
L’installation comporte ainsi plusieurs pièces différentes et qui se répondent : série de verres recomposés, collection de minéraux aux couleurs changeantes, dessins au graphite… Les moyens utilisés par l’artiste transforment la vitrine de la galerie et son contenu en fonction de la lumière – le soir, les verres nous emmènent à Venise ! -, ou du souffle d’air qui rend visible le jeu de transparence des dessins ; et l’artiste ne se départit pas de sa touche d’ironie, en témoigne une énigmatique série de châssis, copies de grands maîtres, que remarqueront des spectateurs attentifs…
Il faut donc passer souvent devant l’Arcuterie, le jour et la nuit, pour saisir les nuances et percevoir tous les sens de cette installation…
Mateo CLAUSSE :
Après une enfance studieuse dans la campagne tourangelle, ayant obtenu un bac S, il débute des études en Ecole d’Art, à Tours puis à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Bourges. Au cours de ce cursus, il fait « un stage » à Shanghai auprès de personne puisqu’il s’y rend en train sans que la moindre structure ne l’attende sur place. Au gré des hasards, il rencontrera Mr Lu Hong avec qui il montera des expositions puis le festival Hors d’Œuvre en 2010. De retour en France, il terminera son cursus scolaire et retournera à Shanghai décidé à s’y établir.
Il monte alors une entreprise d’importation de vins et vit dans un appartement glacial. C’est ce qui le décide à devenir photographe lorsqu’il reçoit une offre d’emploi d’un studio photo abidjanais. I
l s’embarque donc pour la Côte d’Ivoire où il photographiera des anonymes, des stars, des entreprises et des fêtes plus ou moins traditionnelles. Il s’y marie avec la plus belle fille du pays et fuit la Côte d’Ivoire pour échapper à son patron un peu douteux.
Il a alors l’occasion de remplacer un enseignant en Arts Plastiques dans un collège et débutera ainsi une carrière de prof.
Bien entendu, il n’a jamais cessé d’être plasticien et poursuivi sa démarche quel que soit le contexte dans lequel il évolue. Ainsi il a exposé dans des lieux plus ou moins destinés à l'Art (usines désaffectées, maison de sa grand-mère...). En 2014 il entre en résidence dans les Ateliers d'artistes de la ville de Poitiers où il rencontre un tas de gens bien.