Un séjour pour un petit groupe – hors vacances scolaires – à l’occasion de la plus grande foire d’art contemporain, celle de Bâle, qui accueillait cette année plus de 65000 visiteurs. L’intérêt d’Art Basel tient aussi au fait que la foire a développé des manifestations parallèles : Art Unlimited, où les galeries exposent des pièces d’envergure qui ne pourraient être présentées sur leur stand, Art Statements dédié à de jeunes artistes émergents, Art Parcours qui ouvre à des artistes et au public les portes de quartiers historiques de Bâle ; dès notre arrivée à Bâle, nous avons ainsi retrouvé avec plaisir à l’angle d’un carrefour une pièce de Claude Léveque, caravane enguirlandée juchée sur un poteau ; ou découvert la Fiat 600 d’Aleksandra Mir transformée à l’instar de la DS de Gabriel Orozco.
Dès le lendemain était prévue la visite de la Foire. Pour nos amateurs d’abord un peu perdus par l’ampleur de la manifestation, c’était l’occasion de grandes découvertes.
Un parcours dans les plus grandes galeries du monde entier qui pour l’occasion sortaient leurs plus beaux atours, comme de célèbres peintures de Picasso ; mais qui avaient aussi quelquefois réactivé des pièces cultes comme la performance des années 70 de Marina Abramovic et Ulay à la galerie Chantal Crousel ou la recréation d’une installation de Robert Morris de 1968, pièces que nous n’avions pu voir à l’époque ; mais les galeries avaient aussi sorti des pièces d’artistes contemporains : travaux récents d’Anri Sala (qui investira le Pavillon français à la prochaine Biennale de Venise), de Jean-Luc Moulène, du collectif Claire Fontaine, de Jean-Gabriel Coignet, parmi ceux dont nous connaissons un peu le travail ; beaucoup d’artistes nous étaient inconnus, les chinois par exemple, bien représentés sans occuper le devant de la scène. Autant de galeries, autant d’artistes, chacun n’a visité qu’une partie de Art Basel ! La section " Art Unlimited" était un peu plus facile à suivre : de grandes installations comme l’"extrait" de Family straight, a London Picture, pièce socialement et politiquement engagée de Gilbert & George que certains avaient vue à Londres dans la White Cube Gallery, ou la soixantaine d’oiseaux en bronze de Ugo Rondinone, ou encore Tibet, Tibet de Hamish Fulton, pièce aussi engagée ; ou des videos projetées dans de petites salles permettant de les visionner in extenso, de Bruce Naumann, Douglas Gordon, ou encore Dominique Gonzalez-Foester et Tristan Bera : le schéma narratif de la vidéo Belle comme le jour – hommage à Bunuel - de ces derniers en fait quasiment un court-métrage.
On pouvait aussi retrouver Marina Abramovic sur le plateau du Théâtre de Bâle, à l’occasion d’une représentation de Life and Death of Marina Abramovic, conçu et réalisé en collaboration avec Robert Wilson : où quand le maître du temps et de la lumière rencontre la papesse de la performance et de l’art corporel.
Dernière section d’Art-Basel, la partie design : les amateurs des Ailes ont essayé sièges et canapés, rêvé devant mobilier et luminaire, imaginé leurs prochains travaux de re-styling domestique…
A Bâle, l’art ne se limite pas à la foire et à ces quelques jours de Art-Basel : la ville s’est dotée d’œuvres réparties sur son territoire, comme la belle pièce de Serra Intersection et les sculptures mécaniques de Tinguely Carnival Fountain sur le parvis du théâtre ; en d’autres lieux, comme dans l’église Ste-Elisabeth, c’est une association évangélique qui présente une installation de Stelio Diamantopoulos, For Sale, mention imprimée sur une tête de Christ. Un peu plus loin, nos amateurs ont visité la Fondation Beyeler, véritable musée d’art contemporain qui héberge la collection des Beyeler tout en produisant des expositions : en ce moment, une réjouissante exposition de Jeff Koons dans le musée et dans le parc, et des vidéos de Philippe Parreno.
Le musée Tinguely nous a fait re-découvrir l’œuvre de Tatlin, outre la collection permanente consacrée au grand sculpteur suisse, tandis que le Kunstmuseum et le musée pour l’art contemporain permettent de prendre la mesure de l’ambition – et des moyens - des collectionneurs suisses.
Bâle est à la croisée des chemins, nous avons passé la frontière pour nous rendre au fabuleux musée du design Vitra en Allemagne : premiers bâtiments dont le musée lui-même édifiés par Gehry, Maison Vitra de Herzog et De Meuron, station des pompiers de Zaha Hadid, station d’essence de Jean Prouvé… Le musée présentait une intéressante exposition de Gerrit Rietveld, grand architecte et designer danois lié au mouvement De Stijl.
Cerise sur le gâteau, ou plutôt sur Vitra : les bâtiments de Vitra sont répartis sur des espaces verts parsemés de cerisiers ; les amateurs des Ailes ont joint l’utile à l’agréable en agrémentant leur visite de siestes gourmandes au soleil qui a généreusement baigné notre séjour à Bâle ! Et ils se sont promis de profiter d’une journée ensoleillée en Poitou-Charentes pour se rendre au domaine de Boisbuchet en Charente où le Vitra Design Museum organise tous les étés, en collaboration avec le Centre Pompidou, des chantiers d’expérimentation.