Article du carnet de bord

Beau temps et sage Biennale à Venise

Palazzo grassi

Les Ailes du désir avaient emporté le soleil de l’automne pour visiter cette 57ème Biennale de Venise. La cinquantaine d’amateurs ailés ont ainsi arpenté les allées des Giardini et les halls de l’Arsenal avec une météo inédite.

Pour cette biennale, peu de coups de cœur ou de rejets violents, mais des découvertes ou des retrouvailles sympathiques avec des artistes. Le titre de la Biennale Viva Arte Viva induisait des formes actives voire interactives, comme cet espace conçu par Olafur ELLIASSON, qui ne nous avait pas habitués à tant de fantaisie : nous avons regretté bien sûr que l’Allemagne ait suspendu dans son pavillon les performances qui lui ont valu le Lion d’or de la Biennale ! Mais grâce à Philippe Zimmermann, régisseur du pavillon français, nous avons pu rencontrer Xavier VEILHAN, artiste choisi pour représenter la France ; il a conçu une pièce qui a aussi une fonction de studio d’enregistrement, lui permettant d’inviter des musiciens pendant toute la durée de la manifestation : le public, habituellement de passage, est amené à s’installer pour écouter les expérimentations musicales. Situation plus encore inédite, l’artiste est présent pendant toute la Biennale ! Son objectif est en effet de créer une relation particulière entre l’œuvre et le spectateur en montrant l’artiste au travail, comme il l’a souligné au cours de cette rencontre.

 

Le pavillon du Liban a fait une forte impression à nos amateurs ailés ; Philippe ZIMMERMANN a ici largement contribué à la réalisation de la pièce conçue par Zad MOULTAKA, compositeur et plasticien, que les poitevins connaissaient d’abord comme musicien (il a été invité par l’ensemble Ars Nova à plusieurs reprises) : nous avons circulé dans un environnement sombre marqué par l’histoire poignante du Liban en écoutant Ṥamaṡ Itima, œuvre composée par Zad MOULTAKA pour chœur et électronique, et nous y avons retrouvé l’atmosphère sensible et chaleureuse que l’artiste sait si bien créer.

D’autres pavillons auraient mérité que l’on s’attarde plus longuement, comme celui de la Roumanie qui présentait Apparitions de Geta BRÃTESCU ; comme dans le pavillon français ou l’exposition centrale, il s’agit de montrer le travail artistique plus que de provoquer une émotion éphémère.

A côté des expositions de la Biennale se déroulent de nombreux évènements collatéraux : la visite du Palazzo Grassi et de la Punta della dogana, où s’étalent les expositions consacrées à Damien HIRST, a fotement impressionné les poitevins des Ailes ! Fondée sur une mystification (trouvailles d’une prétendue fouille archéologique sous-marine), l’exposition séduit dans un premier temps : il faut dire que l’artiste a bénéficié de moyens importants qui lui ont permis d’aller au bout de son projet ! Mais cette débauche de moyens a fini par donner la nausée à certains… En tout cas, les discussions allaient bon train lorsque nous nous sommes retrouvés autour d’un verre de Prosecco pour échanger nos impressions !

L’œuvre de Michelangelo PISTOLETTO créée dans la basilique San Giorgio et accompagnée d’une exposition retraçant les principales interventions de l’artiste n’a pas suscité le même débat : fondée sur l’engagement politique et social de l’artiste, elle témoigne de l’humanisme dont il a toujours fait preuve. C’est la Galleria Continua qui accompagne l’artiste à travers le monde au cours de ses interventions et qui a produit l’œuvre. Avec ses quatre sites (San Gimignano, Pékin, Boissy-le-Chatel et La Havane ) cette galerie poursuit un travail d’accompagnement d’artistes engagés ; nous avons retrouvé son influence au Magazzino del caffe, où elle soutient ICI-Venice (International Cultural Institute) : accueillis par Chantal Valdambrini, co-fondatrice de l’association, nous y avons visité l’exposition de l’artiste cubaine Susana PILAR DELAHANTE MATIENZO, qui, dans d’autres proportions bien sûr, témoigne du même humanisme que PISTOLETTO.

Comme d’habitude, nous avons quitté  Venise un peu frustrés ! Il y a tant de manifestations en même temps que nous ne pouvions tout visiter ! Le hasard des pérégrinations à travers les ruelles étroites ou sur les canaux a conduit chacun dans des lieux différents, de quoi susciter des regrets chez d’autres : le Palazzo Zenobio et son pavillon arménien, l’exposition de Safet ZEC  Exodus, le Centre culturel européen, le merveilleux Palazzo Fortuny, la Fondation Prada et l’Espace culturel Louis Vuitton ; la galerie Contini… Sans compter Venise, où il est si agréable de se perdre, de prendre l’air dans les iles, d’oublier le temps et presque le monde qui va si mal, si les artistes ne nous y ramenaient pour nous montrer qu’il pourrait aller mieux…