En somme, le réalisme français se tourne vers l'étude de ce qu'on peut appeler les « sciences de l'homme et de son environnement ». Froideur, distanciation vis-à-vis d'un monde sans présence humaine et traité le plus souvent à l'état de reflet (Richard Estes [né en 1936], Robert Cottingham [né en 1935], Ralph Goings [1928-2016], Don Eddy [né en 1944]) ; fragments déroutants dans leur isolement et la précision de leur traitement, qu'il s'agisse des immenses visages de Chuck Close (né en 1940), des ustensiles de Bruce Everett (né en 1942) ou des motos de David Parrish (né en 1939) ; recherches d'effet de trompe-l'œil (Howard Kanovitz [1929-2009], Stephen Posen [né en 1939], Paul Sarkisian [né en 1928]) : telles sont quelques-unes des dominantes de cette peinture. » D'Allemagne, il passe en Angleterre, où Coleridge, dont on sait la dette envers la philosophie et la poésie allemande, l'utilise dans ses Biographia literaria (1817). Écrivain russe... Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain. L'aboutissement, inattendu, se trouve dans les campisanti (surtout le cimetière de Staglieno à Gênes et le Monumentale à Milan) : l'art funéraire abandonne l'allégorie pour reproduire les grandes douleurs en redingote et en robes de dentelles, dont le trépan reproduit dans le marbre tous les ajours. Au xxe s., également, les historiens d'art ne cessent d'élargir rétrospectivement le domaine du réalisme avec des œuvres soit oubliées (les peintres de nature morte du xviie s. en France, les Italiens Giuseppe Ghislandi, Giacomo Ceruti…), soit peu connues ou mal comprises (les Bassano, Bruegel, Aertsen, le Caravage, l'école d'Utrecht, Pieter Van Laer, les Bamboccianti, les peintures moralisantes de Hogarth et de Greuze…) : contrepartie impressionnante au monde des dieux et des héros, qui a dominé la grande peinture du classicisme et du baroque. Écrivain britannique... Alekseï Nikolaïevitch Tolstoï. Théodore Rousseau poursuit son œuvre teintée de romantisme, mais c'est Charles François Daubigny (1817-1878) qui exercera en Europe l'influence la plus forte. Il apparaît d'abord, semble-t-il, en Allemagne (Realismus), chez Kant et les idéalistes allemands. Passée en 1599, c'est la première commande officielle du jeune Caravage. Une telle conception ne résiste pas à l'examen, car la tendance réaliste s'est manifestée dans tous les pays et à toutes les époques. Narcisse, personnage de la mythologie grecque d’une grande beauté, a un caractère fier et repousse toutes ses prétendantes. À Munich, à la suite de ses séjours et de ses expositions, Courbet exerce une forte influence sur Hans Thoma (1839-1924), Wilhelm Trübner (1851-1917) et surtout Wilhelm Leibl (1844-1900), le plus doué, qui terminera son œuvre avec des portraits de paysans d'une acuité qui fait penser à Holbein. Pas vraiment. Courtesy Archives photographiques de la Surintendance spéciale pour le patrimoine artistique et ethno-anthropologique et … La plus significative, de ce point de vue, est cependant l'œuvre de Ford Madox Brown, où les préoccupations sociales sont manifestes. William Dyce (1806-1864) fut l'importateur des influences nazaréennes en Angleterre, mais il évolue vers un réalisme plein de silence et de poésie. Après 1900, les influences munichoises et parisiennes se combinent dans le groupe de huit peintres dénommé « Ash Can School », que domine Robert Henri (1865-1929). Ce genre permet de s'affirmer comme individu unique et de passer par une véritable exploration de soi. Celle des Hollandais du xviie s. n'est pas moins forte : Ruysdael, Meindert Hobbema, Van Goyen sont les plus admirés, ainsi que Paulus Potter, dont le Taureau a une nombreuse descendance de Constant Troyon (1810-1865) à Rosa Bonheur (1822-1899). Alors qu'en Allemagne et en Grande-Bretagne le néo-classicisme se prolonge fort avant dans le siècle, la France a des sculpteurs romantiques, récusant souvent toute transposition idéaliste. Narcissus (Caravaggio) narcisse Il est un peint huile sur toile (112x92) généralement attribuée à Caravage par l'historien de l'art Roberto Longhi, Bien qu'un débat, il a proposé l'affectation à des peintres tels que Spadarino, Orazio Gentileschi, Niccolò Tornioli et d'autres. Dans son Dictionnaire de la langue française, Littré mentionne le terme de réalisme, appliqué à la littérature et aux beaux-arts, comme « néologisme : en termes d'art et de littérature, attachement à la reproduction de la nature sans idéal ». Réalisme est utilisé par les critiques de tous les pays, mais dans des sens très variés. Somme toute, le réalisme se présente comme une tentative pour exprimer la réalité, contemporaine ou historique, par opposition aux œuvres idéalistes, qui décrivent la vie comme elle devrait être, libre, heureuse, juste, où les bons réussissent et les méchants périssent, ainsi que dans le mélodrame romantique. Comme nous, vous faites face à une situation inédite de confinement liée à la crise sanitaire du Covid-19. Il y a refus de toute hiérarchie des sujets et donc des genres. Quant à Richard Dadd (1819-1887), interné pendant plus de quarante ans, il laissera quelques œuvres étonnantes qui annoncent la précision dans la vision de certains surréalistes. Du point de vue stylistique, il s'identifie à un refus de toute transposition, épuration, idéalisation de la forme et de la ligne. La sculpture n'est pas en reste et, grâce aux matériaux synthétiques, elle produit des corps peints au naturel, grandeur réelle, avec parfois le système pileux rapporté, comme chez John De Andrea (né en 1941), ou habillés et installés dans un fragment reconstitué de leur environnement (fauteuils, caddy, détritus, etc. mort apparaissent des fleurs blanches qu’on appelle aujourd’hui « narcisses ». De fait, ces écrivains ont peu de traits communs, sinon leur désir de représenter la société de leur temps. La conception d'un art destiné à éduquer le peuple illettré fait naître en 1870 la « Société des expositions ambulantes » (Peredvijniki). Il serait donc tentant de conclure que le réalisme, avec ses images qui se veulent reflet sans distorsion ni transposition autre que celle de la technique picturale, est devenu une valeur démonétisée. Dans un sens général, il peut être défini par les caractères qui suivent. Le passé est reconstitué non plus dans ses fastes et ses crises historiques, mais en des scènes de la vie quotidienne, sur une note familière et anecdotique : recherche réaliste imprévue, qui donne un pendant antique au style troubadour du temps de Louis-Philippe. Quant à Manet, à Degas, à Toulouse-Lautrec, ils prennent leurs sujets dans la vie courante, mais cadrent la figure humaine avec une hardiesse sans précédent et s'inspirent des clichés photographiques ou des estampes japonaises. Nous allons donc voir tout d'abord le mythe de Narcisse, la vision qu'avaient les grecs et romains de l'antiquité de cet aspect de la personnalité.Nous verrons ensuite les stades du développement que l'ont peut retrouver chez l'enfant, et donc les liens que l'ont peut faire avec le conte. Les musiciens (1595) Huile sur toile, 92 × 118,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Ce goût pour les sciences humaines, essentiellement descriptives, explique sans doute pourquoi la tendance réaliste a plus influencé le roman et la scène que la poésie lyrique, encore que l'on puisse parler du réalisme de Baudelaire, de Jules Laforgue ou de T. S. Eliot. Dès 1916, Carlo Carrà (1881-1966) prêche le retour à la figuration à travers les exemples de Giotto, de Masaccio, d'Uccello. Le courant réaliste n'en a pas moins marqué, à titres divers, toutes les productions de l'époque, infléchissant les survivances du romantisme et trouvant un prolongement imprévu dans l'impressionnisme. Aux Pays-Bas, La Haye est le centre d'une école de paysagistes qui regardent du côté de Barbizon et de Corot : Hendrik Willem Mesdag (1831-1915), dont l'immense panorama, grande mode de l'époque, est encore conservé à Scheveningen ; Anton Mauve (1838-1888) ; les trois frères Maris : Jacob (1837-1899), Matthijs (1839-1917), Willem (1844-1910). Depuis 1826, le terme de réalisme était assez souvent utilisé par la critique littéraire et surtout la critique d'art (B. Weinberg), mais il ne connaîtra une grande diffusion que lors des querelles suscitées par les tableaux et les expositions de Gustave Courbet : l'Après-Dîner à Ornans (1849), l'Exposition de 1855. En 1855, le réalisme touche un large public grâce à une exposition faite par Courbet dans un baraquement de l'Alma, en marge des manifestations de l'Exposition internationale. Ce moyen populaire de diffusion est repris notamment par Daumier avec des scènes comme la Rue Transnonain (1834). Le 12 décembre 1857, Flaubert écrit à Mlle Leroyer de Chantepie : « Vous me dites que je fais trop attention à la forme. ». En Europe, l'Italien Domenico Gnoli (1933-1970), avec ses gros plans plus vrais que nature, fait figure de précurseur isolé ; la figuration est utilisée désormais dans les intentions les plus diverses : références très subjectives chez Jacques Monory (1934-2018) ou Gérard Gasiorowski (1930-1986) ; allusions politiques dans les vues de zoo de Gilles Aillaud (1928-2005) ou les enquêtes sociologiques de Gérard Fromanger (né en 1939) ; magnification esthétique chez Peter Stämpfli (né en 1937). Comme le dit Erich Auerbach (Mimesis), « le réalisme historique, pleinement conscient des problèmes socio-politico-économiques, est un phénomène purement moderne, commençant avec Stendhal ». « Le titre de réaliste, affirme Courbet, m'a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques. Michelangelo Merisi da Caravaggio, en français Caravage ou le Caravage, est un peintre italien né le 29 septembre 1571 à Milan et mort le 18 juillet 1610 à Porto Ercole. 詳細の表示を試みましたが、サイトのオーナーによって制限されているため表示できません。 Léonard de Vinci avait coutume de dire que chaque peintre se représentait à travers ses œuvres («Ogni pintore dipinge sé stesso»). Le romantisme de l'école de l'Hudson reflète, par exemple chez Frederick E. Church (1826-1900), l'immensité des paysages américains. 11Le Narcisse (1598-1599) du Caravage explicite à merveille le stade de l’autre relaté au sein du mythe (fig. Les œuvres de Frédéric Bazille, de Monet, de Camille Pissarro, d'Alfred Sisley, de Renoir reflètent avant tout les charmes des beaux jours à la campagne, du bonheur protégé de la petite et moyenne bourgeoisie. L'éclectisme triomphe non seulement du point de vue des sujets traités en des styles plagiés, mais aussi dans les techniques adoptées. La défaite de 1870 fait naître en outre une pléiade de peintres de bataille, tel Alphonse de Neuville (1835-1885), qui en traite les épisodes héroïques dans le style brutal des romanciers naturalistes. Mais les deux meilleurs représentants du réalisme sont Winslow Homer (1836-1910), admirable aquarelliste, qui fut peintre reporter pendant la guerre de Sécession, et Thomas Eakins (1844-1916), influencé par Vélasquez, Courbet et Manet (la Clinique du Prof. Adolf Menzel (1815-1905) donnera en 1875 une des meilleures peintures d'usine avec sa Fonderie. Rude et son Pêcheur napolitain (1833) ou son tombeau de Cavaignac (1847), Barye et ses fauves, Préault (qui sera l'un des habitués de la Andler Keller) et sa Tuerie (1834) sont plus réalistes que leurs successeurs, qui succombent à l'éclectisme et aux recherches de « style ». Valori Plastici a en Allemagne une influence immédiate, mais bien différente, avec les tendances de la « nouvelle objectivité » et du « réalisme magique ». Remarqué par le cardinal Francesco Maria Borbone del Monte (1549-1626), qui lui achète Les Tricheurs, Caravage loge au palais Madame (actuellement Caravage – Le sacrifice d’Isaac , 1603-1604, Huile sur toile, 104 x 135 cm, Galerie des Offices, Florence L'art a un rôle social à remplir ; il doit se dégager de cette recherche de l'exceptionnel, du surhumain, de ce culte exacerbé de l'individualité qui caractérisaient l'œuvre des artistes romantiques. Là encore interfèrent de multiples tendances : séquelles du romantisme, prélude au symbolisme, éclectisme historicisant, impressionnisme sous ses dehors les plus artificiels. new realism ou photo-realism) a fait son apparition, surtout localisé aux États-Unis. En Roumanie, un surgeon de l'école de Barbizon se développe, en particulier avec Nicolaie Ion Grigorescu (1838-1907) et Ion Andreescu (1850-1882). The largest premium car fleet of the world, with offers ranging from a small car to SUV, from electric vehicles to luxury sports cars. Les critiques, en employant perpétuellement ce mot, nous ont fait une obligation de nous en servir » (Champfleury) ; « Le titre de réaliste m'a été imposé […] » (Courbet, préface du catalogue de son Exposition, 1855). Les autoportraits ne sont pas le résultat d'une commande, contrairement aux portraits. Courbet impose au contraire brutalement ces hommes aux destins obscurs, sacrifiés ; et il ne s'agit plus de peintures de genre à accrocher au-dessus d'un piano, mais de formats énormes, réservés jusque-là aux scènes religieuses ou à la peinture d'histoire et que seules pouvaient sauver, à cette échelle, les qualités exceptionnelles de l'artiste. Ses contemporains, tels Vladimir Iegorovitch Makovski (1846-1920) et Vassili Ivanovitch Sourikov (1848-1916), donnent, eux aussi, un reflet fidèle de la société russe, tandis qu'Issaak Ilitch Levitan (1860 ou 1861-1900) peint les vastes horizons du pays. Celui de l'Assommoir, nous dit Zola, est bien simple : « Fermez les bistrots, ouvrez les écoles. Pour Kant et ses disciples, réalisme ne s'oppose plus à nominalisme, mais à idéalisme. » Et Henry Becque, qui se veut le Molière de son temps, s'écarte résolument du Théâtre-Libre d'Antoine. Dans l’inventaire réalisé à la mort de Caravage en 1638, le tableau est décrit comme « la demi-figure d’un jeune homme jouant du luth, avec plusieurs fruits, fleurs et livres de musique ». Pour les historiens de la philosophie, à partir du xixe s., le réalisme est d'abord la doctrine des réalistes (reales), opposée à celle des nominalistes (nominales) dans la querelle des universaux (les scolastiques n'emploient jamais les termes de réalisme et de nominalisme). Pourtant, on peut distinguer une tendance commune à tous ces écrivains, et cela non seulement en France : l'œuvre se veut scientifique, « sociologique ».