Hélas, les relations transversales en France ne sont pas faciles !
Une fois de plus, notre week-end à Lyon s’est transformé en retraite de Russie : nous avons dû subir les désagréments engendrés par la fameuse panne informatique de la SNCF et attendre dans l’ambiance glaciale des quais de la gare de St-Pierre-des-corps un moyen de transport pour nous ramener à Poitiers ! Nous étions nombreux dans cette situation, ce qui réchauffait un peu l’atmosphère… Et nous avons fini par arriver à Poitiers, fourbus mais soulagés.
A Lyon, pas de neige, qui recouvrait pourtant les alentours ; beaucoup de monde dans les lieux de la biennale, objet de notre week-end : l’art contemporain suscite donc de plus en plus d’intérêt, tant mieux. Les précédentes biennales avaient cependant provoqué plus d’enthousiasme chez nos amateurs ailés, irriguant l’ensemble de l’agglomération et donnant à la ville une ambiance festive que nous n’avons pas retrouvée cette année.
L’Institut d’art contemporain de Villeurbanne proposait une sélection de la jeune création internationale qui avait le mérite de présenter des œuvres d’artistes encore peu connus.
Au MAC-Lyon, nous avons retrouvé quelques pièces de référence : certes, les sculptures de Jean Arp ou Calder, l’installation de Nam June Paik ou celle de Jochen Gerz, ou les ensembles de pièces de Marcel Duchamp ou Marcel Brodthaers, constituent des points de repères qu’on a plaisir à revoir, mais qui risquent de reléguer au second plan les pièces d’artistes plus contemporains, comme l’installation enveloppante et ludique du brésilien Ernesto Neto ou l’arc-en-ciel de Jinfang Hao et Lingie Wang.
A la Sucrière, lieu emblématique de la biennale, même constat : nous y avons trouvé – ou retrouvé – quelques pièces exceptionnelles, comme celle, très poétique, de Doug Aitken (reprise de l’œuvre de 2013 !), ou celle de Susanna Fritscher (qui présente à Lyon une version réduite de l’installation réalisée pour la réouverture du Musée de Nantes), ou encore la toile d’araignées de Tomas Saraceno, fragile et impressionnante, et la grande voile de soie blanche de Hans Hacke. A Lyon comme à Venise, la tendance est au mélange des disciplines (en particulier la musique et le son dans des œuvres plastiques) et à l’usage de la performance : quelques-uns ont pu apprécier la répétition donnée par « The Art », groupe de rock temporaire constitué par Ari Benjamin Meyers. Mais peu d’œuvres nous laisseront un souvenir impérissable ; nous aurions sans doute dû prévoir notre visite plus tôt, puisque une des plus belles pièces de la biennale – celle de Céleste Boursier-Mougenot – était fermée dès début novembre ; exceptée la discrète exposition Lee Mingwei à la Fondation Bullukian, les expositions parallèles sont présentées dans des lieux souvent inaccessibles au visiteur de passage, comme Lee Ufan au couvent de La Tourette ; et les évènements collatéraux se raréfient après les premières semaines de biennale.
Heureusement pour nos amateurs, le Musée des Beaux-arts (un des plus beaux musées en région) présentait une exposition « Los Modernos » confrontant au cours du XXème siècle des artistes européens et des artistes mexicains : l’occasion de revoir des œuvres emblématiques du musée (Picasso, Braque, Soulages…) en relation avec des peintures de Diego Rivera, Leopoldo Mendez ou Frida Khalo ; une mention particulière à la collection de photographies, de Cartier-Bresson et Edward Weston à Bernard Plossu et Denis Roche, aux côtés de Graziella Iturbide ou Manuel Alvarez Bravo. En outre la ville de Lyon recèle de jolies surprises comme l’aménagement du parking des Célestins par Buren, et les parcours, certes aléatoires, de street art et de fresques murales.
Notre expédition lyonnaise a alimenté les discussions au long des quais de gare dimanche soir, sans parvenir à nous réchauffer ! Si nous maintenons dans deux ans notre tradition de week-end à la biennale de Lyon, nous essaierons de l’organiser plus tôt dans la saison pour éviter les frimas et les pannes de train…